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Côte d'Ivoire Pénurie de sucre et production bloquée

ABIDJAN, 24 nov (AFP) - La Côte d'Ivoire qui traverse depuis 2 mois une grave crise politico-militaire, connaît une véritable pénurie de sucre tandis que la production nationale reste bloquée dans les territoires contrôlés par les rebelles paralysant les exportations habituelles, notamment vers l'Europe.

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Image inhabituelle à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, surtout en cette période de jeûne musulman où la consommation de sucre est plus forte qu'en temps normal, les rayons sucre des supermarchés sont quasiment vides.

Les consommateurs ne peuvent se servir que trois kilos à la fois et les achalandeurs remettent les boites au compte-goutte.

La consommation moyenne mensuelle de sucre est estimée à 10.000 tonnes en temps normal.

Avant même le soulèvement le 19 septembre, de militaires ivoiriens opposés au régime du président Laurent Gbagbo, le gouvernement avait prévu une pénurie et autorisé exceptionnellement certains importateurs à faire entrer dans le pays plus de 40.000 tonnes de sucres.

Selon le ministère ivoirien du Commerce extérieur, ces importations devaient rapporter 7,7 milliards de CFA (11,7 millions d'euros) à l'Etat rien qu'en taxes douanières.

Mais la pénurie s'est aggravée depuis que la moitié nord du pays est tenue par les mutins. Les zones de production sucrière sont inaccessibles aux opérateurs du secteur et les champs de canne à sucre risquent d'être perdus s'ils ne sont pas coupés.

La rumeur a même couru dans Abidjan que le groupe agroalimentaire français Nestlé, qui a deux usines dans le pays, allait fermer son usine de Yopougon dans la banlieue d'Abidjan faute de sucre.

Contactée par l'AFP, la société a démenti cette information. "Nous avons eu quelques problèmes d'approvisionnement mais il n'est absolument pas exact que nous allons fermer, nous n'avons même mis personne en chômage technique", a affirmé Olivier Desponds, directeur général de Nestlé Côte d'Ivoire.

"Les questions d'approvisionnement ont été règlées grâce aux importations autorisées par le gouvernement et nous pouvons tenir quelques mois, même si cela représente un coût supplémentaire", a-t-il ajouté.

En Côte d'Ivoire, deux compagnies sucrières se partagent le marché, SUCAF et Sucrivoire. La première produit en moyenne 90.000 tonnes de sucre localement et la seconde 80.000 tonnes par an. Mais seule l'usine sucrière de Zuénoula (centre), située en zone gouvernementale, est actuellement opérationnelle.

"Le vrai problème concerne l'acheminement de la production jusqu'à Abidjan, si la campagne de récolte et de coupe de la canne n'a pas lieu, c'est toute la production et les plantations qui risquent d'être perdues", diagnostique un responsable du ministère ivoirien de l'Agriculture.

La situation est encore aggravée par les problèmes de circulation entre les zones de production sous contrôle rebelle et les débouchés, nationaux et internationaux, sous contrôle loyaliste.

L'armée française avait tenté de mettre en place des corridors économiques en partenariat avec le ministère ivoirien de l'Agriculture, mais ces initiatives ont été suspendues par le gouvernement ivoirien.

"Personne ne souhaite que ces corridors soient réouverts, on a l'impression que le gouvernement ne veut pas que la vie reprenne au nord et que les mutins hésitent à voir partir ces richesses qui rapporteront de l'argent vers le sud", explique une source diplomatique occidentale.

La Côte d'Ivoire a des accords d'exportation avec l'Union Européenne pour 27.000 tonnes par an, qu'elle ne pourra surement pas honorer cette année.


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